Le Laboratoire d’innovation pédagogique conduit des recherches orientées par la conception, au cours desquelles des données sont collectées par différents moyens, notamment par l’enregistrement audio et vidéo de séances de travail et/ou de phases d’expérimentation. La captation vidéo puis l’analyse des images enregistrées nécessite la mise en place d’une méthodologie rigoureuse. Dans ce sens, une journée doctorale a été organisée par le 2CR2D jeudi 7 mars 2019 sur le thème : Analyse de la vidéo dans les recherches en éducation (potentialités, limites et précautions). Deux doctorantes du LIP se sont alors déplacées à la HEP-Vaud afin d’assister à cette journée de formation durant laquelle intervenaient Andrée Tiberghien, Antoine Breau, Valentine Lentillon-Kaestner et Damien Tessier. A travers ces interventions, la formation proposait des éléments théoriques et épistémologiques de l’analyse vidéo, des illustrations et exemples de recherches menées, ainsi que des moments d’exercices permettant de mettre en pratique les techniques présentées. Des questionnements et des réflexions ont été soulevées lors de cette journée.

Une des discussions marquantes portait sur le degré d’acculturation et d’intégration du chercheur sur le terrain d’étude au moment du recueil des données ; dans quelle mesure le chercheur doit-être être présent lors de l’enregistrement vidéo ? A quel point doit-il l’être ? A partir de quand les personnes filmées deviennent réellement à l’aise devant le chercheur et sa caméra ? A quel point le chercheur doit-il se fondre dans la population observée ou plutôt préserver sa posture de chercheur ? Dans le cadre des recherches collaboratives menées au Laboratoire d’innovation pédagogique, les rôles entre chercheurs et acteurs du terrain se chevauchent. L’enseignant n’est plus uniquement considéré comme un sujet d’expérimentation, mais plutôt comme un acteur participant pleinement à la recherche. De la même manière, le chercheur est mené à être présent sur le terrain et à collaborer directement avec les praticiens. Nous réfléchissons alors à ces différentes postures en lien avec l’analyse vidéo en recherche. La technique de l’entretien d’auto-confrontation permet de considérer non seulement les faits, les comportements et les actions filmées, mais aussi les intentions des acteurs. Il est alors possible, non seulement de donner du sens aux comportements observés, mais aussi d’avoir accès aux représentations et aux croyances des acteurs de l’action. L’entretien d’auto-confrontation donne donc la possibilité de réfléchir à la posture des acteurs. Cette technique permet aussi de collaborer davantage en co-analysant les données avec les acteurs du terrain.

Andrée Tiberghien (Directrice de recherche émérite CNRS, Lyon) présentant la disposition des caméras pour l’enregistrement vidéo d’un enseignement scolaire.